Des allergènes et des polluants entrent dans la composition de certaines marques de peintures à l’eau. Révélée par 60 millions de consommateurs, cette toxicité concerne aussi certains produits dits biologiques. Et la plupart du temps, les étiquettes n’informent pas le consommateur sur cette teneur en toxines.
Présent dans des produits ménagers et cosmétiques, la méthylisothiazolinone (MIT) envahit aussi la composition de certaines peintures à l’eau utilisées pour les travaux. Une donnée révélée par 60 millions de consommateurs dans son numéro du mois de mars, obtenue à partir de l’analyse de 48 pots de peinture. Au total, « 47 des 48 peintures analysées incorporent deux thiazolinones différentes ». D’autres conservateurs de type isothiazolinone ont aussi été détectés, et pas seulement en quantités infimes. Ces puissants allergènes sont en effet « présents à des concentrations non négligeables ».
Et sur 14 de ces 48 produits, des tests complémentaires ont révélé la présence « de composés organiques volatils (COV) problématiques, augmentant d’autant plus les risques toxiques ». Parmi eux, certains sont classés parmi les cancérogènes avérés. C’est le cas du benzène et du formaldéhyde.
« Cette présence n’est pas indiquée systématiquement sur les étiquettes des composants et certaines peintures écolo contiennent ces substances indésirables ». Dans le détail, « huit références sur les 48 n’affichent pas tout ou partie des thiazolinones présentes dans les pots ».
Un manque de transparence d’autant plus criant qu’à l’échelle européenne, des chercheurs s’étaient déjà penché en 2015 sur le sujet, en étudiant les données de 5 grandes villes (Strasbourg pour la France). Selon les résultats, 93% des marques de peinture contenaient de la MIT et près de 96% un autre allergène (du benzisothiazolinone, BIT). Plus récemment, l’Agence de sécurité sanitaire « citait également les peintures parmi les produits de consommation courante susceptibles de contenir ce conservateur préoccupant ».
Le risque allergène, le plus souvent exprimé par un eczéma de contact, est bien réel. « Le lien de causalité entre la présence de MIT (ou d’une autre thiazolinone) et l’allergie n’est pas toujours établi. Et les données scientifiques manquent pour confirmer « le risque de toxicité respiratoire. »
Mais des réactions ont bien été rapportées par des personnes exposées à des concentrations extrêmement faibles de MIT, jusqu’à 20 fois inférieures à 100 ppm*. Et « il n’est pas possible de définir avec certitude, un seuil en dessous duquel il y aurait absence de réaction cutanée […] et ce, quel que soit le type de produit contenant, de la MIT », peut-on d’ailleurs lire dans le rapport de l’Anses. Par ailleurs, « ces conservateurs peuvent se retrouver dans l’air intérieur. Une fois la peinture appliquée sur les murs, une exposition peut donc s’opérer par ‘voie aéroportée’ ». D’où l’appel à la transparence, défendue par l’Anses qui plaide pour « une mise en place d’une information systématique des consommateurs sur les emballages des mélanges contenant de la MIT quel que soit le niveau de concentration dans le mélange ».
A noter : la MIT est interdite depuis le 12 février 2018, mais « seulement dans certains produits cosmétiques, (…) ceux qui s’utilisent sans rinçage comme les crèmes et les laits pour le visage ou le corps. Elle reste autorisée dans tous les cosmétiques qui se rincent (gels douches, shampoings, etc.) ainsi que dans beaucoup d’autres produits de consommation courante ».
Source : 60 millions de consommateurs, n°535