Nous avons interrogé le Dr Francis Collier, chef du service d’Orthogénie et Médecine du Couple au CHRU de Lille sur l’asexualité.
Le désir sexuel, que l’on appelle aussi la libido, est un besoin d’ordre physiologique. C’est un phénomène naturel qui s’exprime différemment selon les individus. Et chacun possède une sorte de « stock » de désir. Dans le cerveau, l’un des moteurs de ce désir est la dopamine, une substance qui est à la fois une hormone et un neurotransmetteur. C’est elle qui est sécrétée pour anticiper le plaisir. Le désir sexuel peut donc être celui de ressentir du plaisir en solitaire, ou en couple. Il est également nourri par la production de testostérone, chez les femmes comme chez les hommes. Nous sommes des mammifères, et nous avons également un instinct de reproduction. Lui aussi est l’une des sources de notre désir sexuel.
Chez certains d’entre nous il existe des censures, des impossibilités à l’expression du désir sexuel pour autrui. Les causes en sont diverses. Parfois, l’origine peut en être hormonale avec un déficit en testostérone. Chez d’autres, le désir se trouve atténué par des maladies cérébrales, lorsque les lobes du cerveau chargés du désir ne fonctionnent plus correctement par exemple. Autre raison : certains médicaments comme les antidépresseurs, peuvent perturber la libido. Enfin le désir peut être empêché par des phénomènes psychologiques inhérents à des événements parfois anciens : un viol dans l’enfance, ou bien des traumatismes moins spectaculaires et passés parfois inaperçus. L’origine peut en être plus récente, et se trouver par exemple dans une déception amoureuse.
Le fait de ne pas éprouver de désir ou de ne pas laisser son désir s’exprimer ne peut pas être considéré autrement que comme un trouble. Je crois que la majorité des personnes asexuelles ne le sont pas par choix. Elles le sont plutôt par blocage, sans en être conscientes. Evidemment, chacun est libre de vivre comme il l’entend. Si un patient me dit être parfaitement heureux sans vie sexuelle en couple, je ne peux bien sûr l’en blâmer. Pourtant, je reste persuadé que tôt ou tard, cet aspect de l’intimité va leur manquer. A ces patients, je dis que si un jour ils voulaient changer leur façon de fonctionner, ce ne serait pas un interdit. Ils auraient le droit de vouloir évoluer.
Source : Ma Destination Santé.