Après des mois de sevrage tabagique, pourquoi certains rechutent et replongent dans la cigarette ? Des chercheurs français avancent la piste génétique et pointent du doigt une mutation déjà connue pour être impliquée dans la sensibilité à la nicotine.
La nicotine est le principal composé psychoactif du tabac. Elle est responsable de l’addiction en se fixant sur les récepteurs nicotiniques présents dans le cerveau. La substance entraine ainsi l’activation du circuit de la récompense et favorise la sensation de bien-être.
La consommation de tabac d’un individu est fortement liée à la sensibilité de ces récepteurs nicotiniques, qui sont composés de 5 sous-unités.
Plusieurs études de génétique humaine ont montré qu’une mutation présente dans le gène CHRNA5 (codant pour la sous-unité α5) était associée à une augmentation significative du risque de tabagisme.
Partant de ce postulat, les chercheurs de l’unité de Neurobiologie intégrative des systèmes cholinergiques (Institut Pasteur / CNRS) ont cherché à déterminer « quelle phase de l’addiction à la nicotine est affectée par la présence de cette mutation ». En induisant cette dernière sur des rats, ils ont ainsi constaté qu’elle « engendrait une plus grande consommation de nicotine à fortes doses, ainsi qu’une rechute plus importante après sevrage ».
Dans le détail, cet effet sur la rechute serait lié à une réduction de l’activation des neurones dans une structure cérébrale bien particulière. Laquelle présente « la plus forte concentration en sous-unités α5 des récepteurs nicotiniques ».
Pour les auteurs, « ces résultats suggèrent qu’un médicament capable d’augmenter l’activité des récepteurs nicotiniques contenant la sous-unité α5 pourrait permettre de réduire la consommation de tabac et le risque de rechute après sevrage ».
Source : Institut Pasteur, octobre 2018